Début février, nous avons découvert le Cambodge, un pays qui mérite le détour pour son histoire autour des temples d’Angkor, pour le courage de son peuple et pour la diversité de ses paysages. Comme le reste de l’Asie, nous imaginons l’activité primaire dominé par les rizières. C’est une réalité en termes de surfaces mais la première activité économique agricole est la culture du caoutchouc ! La France est à l’origine de l’implantation de l’arbre dont est extrait le latex (Hevea brasiliensis) à la fin du XIX° lors du protectorat. Les colons français ont suivi l’exemple des colons britanniques qui, quelques décennies plus tôt, implantaient d’immenses productions d’Hévéa au Sri Lanka (Ceylan) et en Inde. L’Hevea brasiliensis, originaire d’Amazonie, est une plante tropicale de la famille des Euphorbiacées, poussant dans un environnement humide, chaud et dans un sol fertile. Le climat du sud et sud-est de l’Asie, baigné par la mousson six mois de l’année, est adapté pour son implantation. C’est au XV° siècle que l’exploitation du latex est découverte. Les colons européens s’intéressent à cette coutume des amérindiens qui utilisent le liquide extrait de l’écorce et pour en faire des ballons, des toiles, des torches et des médicaments ! Le latex circule dans la couche supérieure de l’écorce et est sécrétée par la plante au même titre que la résine sur les conifères. Le cultivateur ouvre l’écorce de manière circulaire avec une petite lame laissant apparaitre le latex. Celui-ci s’écoule le long de l’incision et est récupéré dans un bocal. Cette extraction commence lorsque l’arbre est âgé de cinq ans et se poursuit pendant trente ans. L’hévéa régénère facilement son écorce. Les producteurs prolongent l’incision tous les deux ou trois jours pour renouveler l’extraction. Le latex durcit en quelques heures et est acheminé vers l’entreprise de transformation la plus proche. En suivant ce procédé, treize millions de tonnes de caoutchouc naturel ont été récoltées dans le monde en 2017 avec une demande croissante qui n’est pas sans inquiéter ! Il existe deux procédés pour obtenir du caoutchouc. Soit issu d’un prélèvement naturel comme nous venons de le décrire, soit issu d’une fabrication synthétique industrielle. Le caoutchouc naturel est préféré au caoutchouc synthétique en raison de sa haute résistance à la traction, de ses propriétés d'amortissement des vibrations et de sa résistance à la déchirure, facteurs essentiels pour les industries de la construction et de l'automobile. Avec 450 000 hectares de plantations en 2015 au Cambodge, l’hévéaculture fait face à une triple difficulté : de nombreuses familles de petits producteurs sont exploités, la déforestation est difficilement maitrisée et les produits phytosanitaires sont utilisés sans restriction pour maintenir un haut niveau de récolte. C’est un enjeu colossal puisque le développement des cultures d’Hevea brasiliensis est comparable à la culture de palmiers pour obtenir de l’huile de palme ! Ce fléau est nettement moins médiatisé puisque les enjeux sur la santé ne sont pas directs et qu’il n’y a pas de substituions évidentes. Nous ne pouvons que soutenir l’Agence Française de Développement (AFD) conduite par le ministère des Affaires Etrangères pour soutenir les petits producteurs et aider le Royaume du Cambodge à maitriser l’implantation des exploitations en conservant l’équilibre naturel si magnifique. Jardinez bien |